Les Cahiers de Persault

"Illuminer grâce à la lumière du Christ notre Seigneur" - saint François Xavier

01 août 2006

Pèlerinage à Javier (I)

L’ANNEE JUBILAIRE

1.- L’Eglise catholique fête cette année le 500ème anniversaire de la naissance de saint François-Xavier. Cette année jubilaire est aussi celle de saint Ignace de Loyola, mort il y a 450 ans, et celle du bienheureux Pierre Fabre, né il y a 500 ans, trois saints qui ont eu le bonheur de se rencontrer, à Paris, en 1530.

A l’occasion de ce jubilé, et pour des raisons personnelles, j’ai pu me rendre en famille sur les lieux mêmes de la naissance de saint François-Xavier, en Navarre espagnole. Il m’a semblé qu’il était utile de publier un petit compte-rendu de cette visite et, surtout, à cette occasion, de faire mémoire de ce grand saint.


UN SAINT ET UN PELERINAGE A CONNAITRE

2.- François [Francisco] est né le 7 avril 1506 au château de Javier, en Navarre, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale du royaume, Pampelune, tout près de la frontière aragonaise.

Il est mort à l’âge de 46 ans, le 3 décembre 1552, abandonné sur l’île de Sancian, à 100 km de Hong-Kong, après onze années d’un intense apostolat, sans être jamais revenu chez lui. Son corps est vénéré à Goa.

Je ne m’attarderai pas ici à rappeler les épisodes de sa vie, ni de ses innombrables voyages qui ont porté ses fils à le comparer à saint Paul. Si l’on n’en connaît encore rien, on pourra en faire une première découverte sur le site des jésuites de France [ici]. Les plus jeunes (et ceux qui le restent !) pourront lire la bande dessinée intitulée “Xavier”, réalisée en 1953 par un (alors) jeune jésuite, Pierre Defoux pour le journal… Spirou. Terminé par son auteur quarante plus tard, cette belle histoire est publiée (2005) par les éditions Coccinelle BD, en deux volumes [tome 1 : “Ouvrir un avenir” ; tome 2 : “Enjamber les limites”]. Les ouvrages parus par ailleurs sur ce saint sont innombrables. Plus de 3000 études ou ouvrages ont été écrits à son sujet. On pourra néanmoins se reporter à l’ouvrage bien connu de Xavier Léon-Dufour, Saint François Xavier, Itinéraire mystique de l’apôtre, coll. Christus n° 86, Essais, Desclée de Brouwer/Bellarmin, Paris, 1997 (350 p.).

Je ne saurais trop recommander aux hispanophones (et mêmes aux autres !) de se reporter aux pages proposées par la Direction générale des enseignements scolaires et professionnels de Navarre. Cet organisme a réalisé un très beau site, auquel je dois beaucoup, sur le thème suivant : «Le monde de Javier : une vision du XVI° siècle à travers la vie de saint François-Xavier », dont il a fait intelligemment un sujet de concours pour les enfants navarrais du primaire à la terminale, de janvier à juin dernier [Ici]. Imaginons, ne fût-ce qu’un instant, que le ministère de l’éducation nationale français propose un travail de ce genre sur saint Louis, sainte Jeanne d’Arc ou saint Louis-Marie Grignon de Montfort !

S’agissant enfin du pèlerinage à Javier lui-même, on consultera, toujours dans la langue de Cervantès, mais aussi en anglais ou en basque (le français, pourtant prévu, n’est pas accessible, non plus que l’italien ou le portugais), le site de qualité réalisé conjointement par le gouvernement de Navarre, le sanctuaire de Javier, l’archevêché de Pampelune et la mairie de Javier [Ici].


LE PATRON DES MISSIONS ET DE LA NAVARRE

3.- Le pape Grégoire XV a canonisé saint François-Xavier en 1622, en même temps que saint Ignace de Loyola, son cousin et, avec lui, co-fondateur de la Compagnie de Jésus [le même jour étaient canonisés sainte Thérèse d'Avila, saint Isidore le laboureur et saint Philippe Néri]. Le 11 juillet 1624, les Cortes de Navarre l’ont déclaré patron du royaume, patronage qu’il partage avec saint Firmin, premier évêque de Pampelune. Pie XI, en 1927, l’a déclaré patron des missions catholiques.

Le 27 septembre 1985, le parlement de Navarre a approuvé à l’unanimité une loi foral de deux articles qui a fait du 3 décembre, jour anniversaire de la mort du saint, le “Jour de la Navarre” (B.O.N. Núm. 119, de 02.10.85). Ce “Jour”, sorte de fête nationale, avait été établi le 16 août 1982, à la suite de l’entrée en vigueur de la “loi organique de réintégration et d’amélioration du régime foral”. Mais il était alors fixé au dernier dimanche de juin. Ce “Jour” est l’occasion spéciale de nombreuses fêtes officielles, civiles et religieuses. Saint François-Xavier est officiellement le patron de la communauté foral de Navarre.

L’exposition des motifs de la loi du 27 septembre 1985 est ainsi rédigée :

« C’est la coutume de toutes les communautés et la volonté des citoyens qui les composent d’avoir une fête qui, en même temps qu’elle symbolise l’unité et l’identité dans un projet historique commun, soit l’occasion d’exalter particulièrement la personnalité du territoire, de sa culture et de ses habitants. Le respect pour la tradition reçue et la reconnaissance d’un passé propre comme facteur fondamental de la définition des peuples rend souhaitable l’institutionnalisation à cet effet de dates et de motifs fondés sur le patrimoine commun, de telle sorte qu’ils contribuent à fortifier la concorde, la solidarité et la conscience de fraternité qui soutiennent la vie des sociétés.

« La figure de François de Javier est pour les navarrais un exemple éclatant de préoccupation humaine et intellectuelle, de talent tourné vers les autres et vers l’aventure, d’un homme qui ne dédaigna ni les difficultés ni les efforts pour atteindre les zones les plus éloignées de la terre. Saint François-Xavier est le prototype du navarrais universel ouvert aux cultures et aux peuples du monde entier, toujours présent dans les mémoires et toujours admiré par des communautés d’un grand nombre de pays, sur tous les continents.

« La fête de Saint François-Xavier étant instituée de façon permanente au 3 décembre, anniversaire de sa mort, la Communauté foral de Navarre désire lier la norme à la tradition et fixer à cette même date le Jour de Navarre ».

Evidemment, tout cela n’est guère spirituel… On en oublierait presque que saint François-Xavier, qui n’était pas un simple globe-trotter humaniste ou un Nicolas Hulot, était chrétien et qu’il ne s’est porté aux confins de la terre, jusqu’à la consomption totale de sa vie, que pour y porter la parole du Christ. Qu’il suffise, pour mémoire, de rappeler ce qu’un témoin disait de lui : « De jour, il appartenait tout entier au prochain; de nuit, il appartenait tout à Dieu. En cela, il fut véritablement un imitateur (segidor) du Christ qui, prêchant le jour, passait la nuit en prière » (Xavier Léon-Dufour, préc., p. 114).

L’esprit du temps est passé sur la Navarre, comme sur d’autres terres. Il n’en est pas moins remarquable de constater que tout un peuple puisse encore, sous la mouvance de ses gouvernants, trouver à se définir dans son rattachement à un apôtre du Christ.


Patrick Poydenot

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